Présentation Spectacle "Monsieur JO"
Un mot de Robert Peyrillou président du festival SOUILLAC EN JAZZ (46) sur ce projet :
Jo Privat : le blues du musette
Les musiques populaires, comme le jazz, apparaissent toujours à partir des lieux de plaisir. Ces derniers sont toujours mêlés, qui à la prostitution, qui au « milieu », qui aux minorités raciales.
Jo Privat a été un des grands acteurs de nos « Cotton Club » à nous! Même voisinage, même pénombre où se mêlent alcool, drogue, filles. Mais le lien le plus important est le même besoin de jouer de la part des musiciens, le même génie créateur.
Ce spectacle est l’occasion de suivre outre Jo Privat, les Gus Viseur, Tony Murena… Qui par des inflexions swing de jazz et l’accent tzigane des manouches (Django Reinhardt appelait Jo Privat le gitan blanc) ont uni le monde du musette à celui du blues et du jazz...
J'ai donc pris beaucoup de plaisir à l'écoute du projet de Mary devenu réalité. Elle joue là ce que jouent d'autres musiciens en allant s'inspirer de notre patrimoine (classique, chansons françaises...) en l'actualisant soit musicalement, soit comme elle en transformant l'accordéon en clarinette, soit en déstructurant pour d'autres. Joli choix des thèmes et sobre accompagnement des cordes.
C'est "grand public" par notre histoire et cela permet de dire que tout le monde aime le jazz ! Surtout en 2017 où nous allons célébrer le centenaire de l'arrivée du jazz en France.
Robert Peyrillou Président de Souillac en Jazz
Médias spectacle "Monsieur JO"
"MONSIEUR JO"
La face cachée du musette ou la vie privée de Jo Privat
A qui veut y regarder de près, et Mary Estrade a décortiqué les partitions des Jo Privat, Tony Murena et autre Gus Viseur trouvées dans un vide-grenier, l’accordéon musette est bien loin du cliché du bal aux ritournelles éculées qui lui ont valu méconnaissance voire mépris pendant une cinquantaine d’années. Mais voilà, Mary est clarinettiste, Marc Estrade guitariste, Jérôme Gast contrebassiste. Pourtant le trio rend hommage, à chaque instant, à cet instrument dont Mary rappelle les « petits noms », du classique piano à bretelles au boutonneux, en passant par le « branle-poumons » et « l’attrape grand-mère ». Casquettes vissées sur les têtes et marcels blancs, les trois musiciens ont un petit air canaille.
Le musette et la clarinette cheminent alors de conserve, de découverte en surprise, de mélodies en rythmes syncopés, de valse en jazz.
Mary raconte et le fil se noue au gré des anecdotes, familiales et voyageuses. Elle donne vie à un personnage qui se donne à la musique et à l’accordéon, entre les bars parisiens et les villes de province et ce tissu biographique se colore de musique. Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas d’une histoire illustrée musicalement. Au contraire, chaque épisode n’est que le prétexte pour lever le voile sur la musique des grands accordéonistes de la première moitié du XXe siècle, chaque bar et chaque voyage impulsant une idée nouvelle où le musette montre peu à peu sa face cachée.
Voici venu le temps des chansons : « Que reste-t-il de nos amours ? », « Il suffirait de presque rien » où la voix et la contrebasse dialoguent avec ferveur, « Le soleil a rendez-vous avec la lune ». Alors le spectateur se laisse surprendre par une interprétation à la fois énergique et fragile, où la rythmique (guitare et contrebasse) dément toute mièvrerie et flirte avec le jazz, où sous la voix grave on entend frémir Colette Magny et Nina Simone.
Quand Jo Privat entend jouer les copains de Django Reinhardt, son accordéon invente le musette jazz. A ce moment du récit, le concert suit Jo Privat et les morceaux s’enchaînent sans craindre le mode mineur. L’ultra entendu « Nuages » s’énerve, s’écorche, se gratte, se tend et se détend, se cabre, se heurte et se défend avant de s’achever par une longue note aigüe à la clarinette, tenue, tenue, accrochée aux branches du tilleul bienveillant dont l’ombre s’estompe dans la nuit tombée. Le guitariste et le contrebassiste se lancent avec aisance dans l’aventure manouche.
Les amis Gus Viseur et Tony Murena se mêlent de cette histoire et un magnifique dialogue clarinette guitare ouvre le célèbre et poignant« Indifférence ». « La Complainte du progrès » de Boris Vian démarre, rapide, syncopée, drôle. Puis Mary scatte, longtemps, de sa voix grave, parfois rauque. Le décor change, on a quitté les bars du musette et les caves du jazz, nous nous surprenons à entendre une chanteuse de la Great Black Music, qui se tord pour donner le fond de son âme.
A Souillac, nous aimons la musique de Mary et de ses complices, celle qui éveille le lieu enfoui dans chacun d'entre nous où la peine et le doute se fondent avec la joie, celle qui arrange les idées reçues, qui éclaire à coups d’émotion les mélodies.
Marie-Françoise (Souillac en Jazz / communication & presse)
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